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Inscrire le «jour du dépassement» au calendrier vaudois, ça sert à quoi?
Des députés vaudois souhaitent que le Canton marque chaque année le jour symbolique où les ressources naturellement disponibles ont été épuisées. La proposition divise. Publié aujourd'hui à 06h53
Le Grand Conseil vaudois débattra d'une proposition pour officialiser le «jour du dépassement». Cette année, ce dernier est tombé le 7 mai, contre le 27 mai en 2024.
Christian Brun/Archives VQH
En bref:
Faut-il inscrire chaque année le « jour du dépassement » au calendrier vaudois pour mieux sensibiliser la population à sa consommation? La question sera prochainement débattue au Grand Conseil. Elle fait suite à la proposition de la députée Elodie Lopez (EP) et consorts, qui souhaitent que le Canton marque la date à partir de laquelle la Suisse vit «à crédit» sur les ressources naturelles de la planète. Cette année, le fameux jour est tombé le 7 mai.
«Mettre en évidence ce jour symbolique (ndlr: défini grâce au calcul parfois controversé de l'ONG Global Footprint Network ) viserait à donner une dimension culturelle à la transition écologique», explique l'élue, qui établit notamment une comparaison avec la tradition du Bonhomme Hiver. «Cette démarche permettrait aussi de définir un objectif commun: chaque année, nous tenterions de progresser et de repousser collectivement cette date.» «Manque d'efficacité» pointé du doigt
Déposé en mai 2024, le postulat divise la commission thématique de l'environnement et de l'énergie, qui a rendu deux rapports aux conclusions distinctes. «À quoi est-ce que cela servirait?» s'interroge d'emblée Grégory Bovay (PLR), rapporteur de minorité . Lui et quatre autres membres redoutent surtout le «manque d'efficacité» de la mesure. «La symbolique, c'est bien, mais le concret, c'est mieux. Il existe déjà suffisamment d'outils ambitieux (il cite notamment la future loi sur l'énergie ) pour faire évoluer les comportements et réduire les émissions.»
Personne ne semble contester les bonnes intentions de l'initiative. Le Conseil d'État partage ce point de vue: il trouve l'idée «sympathique», mais doute de l'efficacité d'une journée symbolique organisée par l'État, préférant investir les ressources dans des actions tangibles et ciblées, selon les deux rapports.
«À défaut d'études prouvant son inefficacité, tentons l'expérience», rétorque Sébastien Humbert (VL), rapporteur de la majorité . «Après quelques années de mise en œuvre, nous pourrons évaluer l'impact réel.» Selon lui, ce type d'événement – comme les journées consacrées aux droits humains ou à la lutte contre le racisme – stimule campagnes et initiatives. Population déjà informée
Autre argument contre le postulat: le «jour du dépassement» étant déjà relayé par des initiatives privées, la population serait bien informée par d'autres biais. «Le problème, c'est que les communications des ONG n'atteignent généralement que les personnes déjà convaincues, appuie Sébastien Humbert, du côté des partisans. Si c'est le Canton qui lance une campagne, par exemple dans les écoles, l'ensemble de la population y sera exposée, qu'elle soit intéressée ou non.»
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Marine Dupasquier est journaliste à la rubrique Vaud & Régions depuis 2020 et couvre essentiellement la région de Nyon. Sensible aux thématiques locales, elle a effectué ses premières piges au Journal de Morges. Plus d'infos
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